
L’approche psychogestionnelle adopte le paradigme de l’enfant assujetti à l’autorité que des référents, adultes, exercent sur lui. Dans le cadre familial, il s’agit la plupart du temps des parents.
Une autorité saine et rassurante permet d’encadrer et de soutenir ces enfants et adolescents. Mais violence et abus de la part de ses référents mettent l’enfant en position de victime.
Lorsque l’autorité parentale débonnaire favorise le laisser-faire et la négligence, l’enfant est sans structure pour se développer. Les tensions dans une famille sont fréquentes, dégénérant parfois en conflits et engendrant chez les membres qui les vivent malaise, stress, mauvaise estime de soi et autres ressentis négatifs. Les rivalités entre frères et sœurs sont un phénomène normal et universel, cependant elles demandent à être régulées par une autorité parentale compétente, faute de quoi elles vont empoisonner les relations familiales pendant de nombreuses années.
Dans une famille dysfonctionnelle, déni et contrôle sont utilisés par les référents pour contourner les problèmes ou gérer la souffrance émotionnelle. Les enfants nés dans ces familles savent inconsciemment que quelque chose ne va pas mais personne dans la famille n’en parle ouvertement ou ne règle les situations : c’est le déni. Les enfants se sentent responsables des problèmes de leurs figures parentales et jouent un rôle pour réparer ou sauver la famille.
Ces rôles sont : le bouc-émissaire, l’enfant brillant, le conciliateur, l’enfant éternel.
Le bouc émissaire
Le bouc-émissaire est l’enfant à problèmes. A l’adolescence, il peut avoir des addictions. Il est une source quasi inépuisable de distraction pour la famille, les détournant des problèmes conjugaux, de communication, ou de régulation émotionnelle. Le bouc-émissaire capte toute l’attention familiale et devient le problème à régler. Il permet aux figures parentales de minimiser leur culpabilité et leur responsabilité dans les problèmes familiaux : s’il n’y avait pas cet enfant, la famille serait parfaite ! Cela donne l’occasion d’exercer un contrôle accru sur les interactions entre les membres de la famille et sur leur comportement. Le bouc-émissaire est souvent en colère, rebelle et auto-destructeur, ce qui cache un sentiment profond de peur, de rejet et d’abandon émotionnel qu’il ressent mais qu’il ne peut exprimer ou gérer. Lorsque le parent montre qu’il a un favori, la dynamique du mouton noir et de l’enfant parfait se met en place.
Le bouc émissaire peut ne pas suivre le programme déterminé pour lui par le parent contrôlant : c’est l’enfant rebelle.
Le parent peut parfois justifier un besoin d’« endurcir » l’enfant considéré comme trop sensible. Les frères et sœurs font ce qu’ils peuvent pour réprimer leurs réactions émotionnelles face à cette situation, ce qui n’est pas sans conséquences sur eux.
Parfois l’enfant est suffisamment différent de la mère et de ses autres enfants pour que les compétences parentales de celle-ci soient dépassées. La mère va alors rejeter sur l’enfant la culpabilité liée à sa difficulté à gérer le foyer et parfois tout autre problème qu’elle rencontre, en fonction de sa qualité d’ajustement. L’enfant est alors considéré comme un intrus, une anomalie.
L’enfant peut aussi être un rappel de l’ex-conjoint(e) dans le cadre d’un divorce (« Tu es comme ton père/ ta mère… »), ou, si le mariage est intact, d’un membre de la famille mal-aimé ou mouton noir.
Le bouc émissaire de la famille intériorise l’opinion de sa famille à son sujet, et ne pense pas mériter le bonheur et le succès. Il sent inconsciemment que chacune de ses réalisations sera attaquée et aura tendance, adulte, à s’auto-saboter afin d’éviter les attaques auxquelles il s’attend inconsciemment.
L’enfant brillant
L’enfant brillant reçoit beaucoup de soin et d’amour des figures parentales. Sa réussite masque la douleur, la honte et le vide émotionnel des relations conjugales. Mais comme le disait Carl Jung : « Le plus grand fardeau qu’un enfant porte est la vie non-vécue de ses parents. »
L’apparence est très importante dans une famille dysfonctionnelle. L’enfant brillant est utilisé comme preuve que la famille est saine. Il doit donc être toujours le meilleur en tout, et aura tendance à toujours agir pour plaire à ses parents, au coût de sa spontanéité. Sans parler de la culpabilité inconsciente d’avoir cette place par rapport à ses frères et sœurs.
Si le bouc émissaire est livré à lui-même et doit trouver seul son chemin, l’enfant brillant, lui est condamné à la symbiose avec ses parents. Si le frère ou la sœur est une déception pour ses parents, il se doit d’être parfait. Adulte, il se placera souvent en sauveteur, attiré par des partenaires vulnérables qu’il pourra aider.
Le conciliateur
Le conciliateur est l’enfant « facile » qui ne pose aucun problème. Conscient du stress et du chaos familial, le conciliateur devient invisible avec des besoins et demandes d’attention réduites. Il se rend compte que c’est la manière la plus facile de survivre dans l’environnement familial et évite un fardeau supplémentaire au parent. Il est guidé par ce qu’il devrait faire et pas par ses envies. Il est un adulte qui a du mal à identifier ses besoins car il joue ce rôle depuis l’enfance. Il est souvent tendu, et tous les efforts qu’il fait dans tous les domaines de sa vie tendent à l’épuiser. Il aime faire plaisir et aura tendance à s’oublier et à ne pas respecter ses besoins au niveau relationnel (à ne pas savoir dire non, par exemple). Il aura, plus que les autres, tendance à vivre une crise existentielle à l’âge adulte, en regard de son enfance volée.
L’enfant éternel
Lorsqu’il y a un conciliateur dans une famille, il y a dans la même fratrie un enfant éternel, libre et insouciant, qui, en grandissant, restera un enfant dans un corps d’adulte. Il a la spontanéité, le charme et l’esprit joueur de l’enfant mais n’est pas un partenaire fiable. Peu persévérant, il n’aime pas travailler et préfère s’échapper de la réalité lorsque celle-ci l’ennuie. Il est une déception pour ses parents et va générer le rôle de conciliateur ou d’enfant parfait chez son frère ou sa sœur.
Le psychogestionnel peut aider
Les blessures de l’enfance et les conflits familiaux non résolus entrainent des sentiments négatifs comme la culpabilité, le manque d’estime de soi, une difficulté à réguler ses émotions, une tendance chronique à l’insatisfaction etc. L’adulte pourra rejouer les modes conflictuels relationnels de son enfance dans ses rapports sociaux, d’où l’importance d’en prendre conscience en vue de les régler. L’approche psychogestionnelle, par le biais de visualisations guidées par le thérapeute, permet de se reconnecter à la part émotionnelle en chacun de nous (notre enfant intérieur) blessée, traumatisée, de la reconnaître par une écoute des ressentis du corps, et de changer les messages de l’enfance par des invocations réparatrices. C’est avant tout beaucoup d’amour et d’écoute que l’on s’apporte, ce qui est déjà, en soi, réparateur.
Cette méthode très efficace permet à chacun, sous supervision thérapeutique, de guérir ses propres blessures émotionnelles et retrouver son authenticité et sa joie de vivre.
Sources :
La pratique psychogestionnelle, une déprogrammation qui réunifie, Chantal Pisani (format Kindle)
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